Professeur invité à l’Université Fédérale de São Paulo

EN 5 HEURES DE COURS, LE DIRECTEUR GENERAL DU CICIBA RETRACE LE PARCOURS DIACHRONIQUE DES BANTU

 

A travers cette première action de coopération en terre sud-américaine, le CICIBA ouvre la voie à la formation historique de la jeunesse bantu du Brésil

Vendredi 3 mai 2018. Deux classes fusionnées, encadrées par le professeur Renata Gonçalves, ont suivi avec une attention soutenue le cours d’histoire sur les Bantu, dispensé par le professeur Antoine Manda Tchebwa, Directeur Général du CICIBA, venu de Libreville. On assiste là à l’amorce d’une collaboration qui se veut pérenne entre le CICIBA et les institutions partenaires des Amériques. Elle s’inscrit parfaitement dans la vision des pères fondateurs du Centre, telle que définie dans la Convention du 8 janvier 1983.

En réponse à une invitation à lui adressée par l’Université Fédérale de São Paulo, le professeur Antoine Manda Tchebwa a pendant cinq heures d’horloge partagé son savoir sur le monde bantu avec les étudiants de cette institution universitaire latino-américaine, dans les locaux de son Campus de la ville de Santos. Initiative qui fait suite à un engagement pris avec le CICIBA en 2017.

En tant que foyer de recherche et dépositaire de la plus importante banque des données au monde sur les peuples bantu, dès sa fondation, en 1983, le CICIBA a inscrit dans ses projets d’ouverture au monde bantu de la diaspora un volet formation destiné aux acteurs du secteur tant du domaine de la culture, de la linguistique, de la musicologie, de l’anthropologie, de la sociologie que de l’historiographie bantu. Cela à l’effet de partager l’expérience en matière de recherche, telle que capitalisée par le CICIBA dans la reconstitution des aspects essentiels de l’environnement et de la culture bantu à partir de ses migrations primordiales (genèse et essaimage des peuples) d’abord en Afrique, ensuite dans les sillages des traites négrières.

Ceci implique donc, entre autres champs d’investigation, la possibilité d’inscrire dans les échanges de savoirs, outre l’examen des langues (au départ des protolangues fondatrices) : le contexte préhistorique du monde bantu (début de sédentarisation, agriculture, métallurgie, archéologie de l’univers insulaire bantu, etc.), les traditions orales dans leur rapport aux migrations et métissages liées aux effets ambiants de sédentarisation, etc.

A cela s’ajoute, du point de vue de l’organisation sociale : l’origine et l’histoire de grandes familles, des lignages, des royaumes et empires précoloniaux, ainsi que les facteurs d’unité et de désunion…

Quant aux questions d’identité, liées à l’onomastique, l’anthroponymie, la toponymie, l’ethnonymie, l’hydronymie, etc., elles ne sont pas en reste. Car les idéologies traditionnelles participent du parti pris qui fonde l’identité bantu à partir de ce qui dit le Muntu dans son ontologie propre et qui s’exprime tant par l’inventivité de ses arts (arts plastiques, musiques, danses), que par l’approfondissement des aspects ontologisants : humanisme bantu, rites, cultes d’ancestralisation, cosmogonies, cosmologie, théodicée, cycles vitaux, etc.

Le professeur Antoine Manda Tchebwa a fait remarquer que plus de cinq siècles après les grandes rafles sur les côtes africaines, il se trouve que l’aire culturelle bantu, qui aujourd’hui forme deux tiers de l’espace géographique du continent noir, en incluant ses multiples essaimages ultramarins (Amériques du Nord, Méso-Amérique, Amériques latines, Antilles, etc.), constitue un espace civilisationnel global, avec ses faciès multiples, dynamisé par toutes les richesses de ses cultures polyphoniques, kaléidoscopiques. Cultures qui procèdent, ce faisant, d’une origine unique : l’Afrique bantu.

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Ce champ de recherche, quoiqu’ayant bénéficié d’un travail multidisciplinaire érudit et inédit (exploré quasi essentiellement par la seule épistémologie européocentriste des siècles derniers), demeure encore vacant, pour ne pas dire vierge, dans l’université sud-américaine. Exceptés un certain nombre de travaux de recherche à caractère universitaire soutenus dans le cadre des thèses et autres mémoires des cycles inférieurs. Est-il que le poids de l’ethnologie européocentriste persiste encore dans certains cénacles brésiliens, particulièrement dans le domaine de l’anthropologie religieuse. D’où l’urgence d’y apporter une réponse idoine.

L’heure est donc arrivée, a recommandé le Directeur général du CICIBA, de se réapproprier la science de sa propre histoire et culture en usant adéquatement des mêmes outils de recherche, dans une perspective collaborative impliquant « chercheurs africains/chercheurs américains » pour le triomphe d’une réécriture de notre histoire commune à l’aune de la Vérité historique.

Il est intéressant d’amorcer cette demarche en intégrant, sur base des protocoles rigoureux, les meilleures compétences des deux bords des océans. La plus efficiente des synthèses des travaux (impérativement comparatistes et interdisciplinaires) sur ce champ transversal est à ce prix-là.

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