Coopération scientifique

LE RESEAU UNITWIN /CHAIRE UNESCO : « Réseau Bantuphonie… » EN MARCHE A LIBREVILLE

LE CICIBA TOTALEMENT IMPLIQUE 

Ils sont une dizaine, pour commencer ! Tous, profils variés, étudiants en master. A l’image même de l’interdisciplinarité qui fonde la stratégie épistémologique adoptée par la chaire « Réseau Bantuphonie : Langues en danger, Savoirs endogènes et biodiversité » de l’UOB. Un chantier nouveau, riche de sa fraîcheur et de son éclectisme, s’ouvre sur le monde bantu.

Deux professeurs du CICIBA, Antoine Manda Tchebwa (Directeur Général, chercheur interdisciplinaire : droits de l’homme, musicologie, anthropologie culturelle, créologue…) et Bitjaa Kody Denis Zachée (linguiste, comparatiste, homme de lettres) ont rejoint l’équipe d’enseignants de haut niveau du Réseau UNITWIN/UNESCO. Une manière pratique de traduire en actes un des vœux des pères fondateurs du CICIBA : partager les savoirs et contribuer à la formation scientifique des acteurs et autres chercheurs du monde bantu.

Du reste c’est en relisant la Convention portant création du CICIBA, du 8 janvier 1983, signés à Libreville par 23 Etats bantu de notre continent, que l’on appréhende mieux la pensée originelle des pères fondateurs. Dans son titre Ier (art. 4), cette ambition se décline comme suit : « Le CICIBA est un foyer de recherche, de documentation, de diffusion, d’animation, de formation et de coordination… »

A ce titre, il est chargé, entre autres, de promouvoir les recherches et études sur les cultures bantu (…) ; diffuser et promouvoir des travaux de recherche sur les cultures africaines en général conformément à la Charte culturelle de l’Afrique ; assurer la formation et le recyclage nécessaires aux pédagogues, artistes, chercheurs, animateurs culturels en vue du développement culturel ; coopérer avec les institutions nationales, interafricaines et internationales à caractère culturel, scientifique et éducatif, en privilégiant et en intensifiant la coopération avec les pays de la zone bantu »

C’est une telle vision, qui a tout d’une prophétie des fondateurs de notre Institution, qui se met en marche sur le campus de l’Université Omar Bongo de Libreville.

Il est à saluer l’excellente synergie de cette chaire avec le CICIBA à chaque étape de la mise en œuvre de ce projet, depuis sa requête d’agrément auprès de l’UNESCO, en passant par les ateliers méthodologiques pré-opérationnelles, jusqu’au démarrage effectif des activités académiques. A chaque étape, de nos institutions ont fait montre d’une mutualisation sans réserve de passion, de compétence et d’ambition.

Au professeur Antoine Manda Tchebwa, la chaire UNESCO a prescrit un module de cours consacré à la « Diaspora, Bantuité et Bantuphonie ». Domaine de recherche peu exploré dans les cursus universitaires africains, en raison de sa nouveauté et surtout de la chappe de plomb qui l’a toujours couvert en égard à la douleur et à la tragédie qu’il charrie, et qui a été aux racines des inégalités dans le monde et du mépris d’une catégorie d’êtres humains par une autre. Expert, entre autres champs d’exploration, de ces questions qui touchent la traite et la mémoire esclavagistes, auxquelles il a consacré une série de livres qui font autorité, le Directeur Général du CICIBA s’est acquitté avec passion de cette sollicitation.

Comme il l’a indiqué lors de sa première prise de contact avec ses étudiants en Master, « loin d’instituer un tribunal pour y juger les criminels de la traite et de l’esclavage, l’intérêt de ce cours participe de deux ordres : a) anamnestique et heuristique, en tant que ce cours permet de relier historialement deux mémoires coupées, celle de l’Afrique bantu originelle et celle, émiettée, engendrée par des civilisations créoles bantu des Amérique et d’ailleurs, portées par toutes les diasporas : américaines, orientales, asiatiques, continentales, insulaires, etc. ; b) cathartique, en tant qu’il vise à dire le mal du mal qui a été infligé à une catégorie de l’humanité par un autre au mépris des principes paritaires de dignité humaine cultivés par les Lumières, alors qu’en toute connaissance de cause rien ne les y obligerait, cela sans avoir à se voiler la face. Affirmant par le fait même une bantuité alliée à une bantuphonie riche de ses propres rêves multiculturels, unifiants et solidaires. »

Au sortir de ce cours, les étudiants, soumis tout au long de cette intellection à une approche participative, ont touché du doigt les privilèges d’une interdisciplinarité bâtie autour d’un triptyque ingénieusement conçu par la haute hiérarchie de la Chaire en pianotant sur une thématique tripolaire certes, mais disant la trame d’une même réalité historique qui concerne le monde bantu d’ici et d’ailleurs. Des Bantu qui n’auraient jamais été autant proches les uns des autres puisque célébrant une même origine (la Benoué), une même conscience essentielle (la bantuité) et un même espace linguistique (la bantuphonie).

Cette importante dimension-là a fait également l’unanimité autour de l’intervention du Professeur Bitjaa Kody, abordant le bantu (langue) dans son rapport au bantu, domaine de l’homme bantu inventeur des langues aux saveurs multiples dont la reconstruction proto-locutrice demeure un des défis à gagner. « On y arrivera … sans doute », soutient-il « Mais avec le concours de tous nos chercheurs, y compris nos nouveaux étudiants de la Chaire “Réseau Bantuphonie”… »

Tel est notre credo commun.

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