Editions CICIBA : Vernissage du livre grammaire notionnelle du Basaa.

« LA GRAMMAIRE NOTIONNELLE DU BASAA »,

UN TRAVAIL DE PUR DIDACTICIEN CUMULANT AVEC MAESTRIA TOUTES LES NORMES EN LA MATIERE, SELON LE PR ANTOINE MANDA TCHEBWA

Telle est l’appréciation formulée d’entrée de jeu par le CICIBA à l’égard de cette production de haute facture qui vient enrichir le champ pédagogique de l’espace bantu

Songmbenguè, 14 janvier 2018.

C’est une place du village noire de monde qui accueille un évènement d’une haute portée scientifique et culturelle. Sous des tentes alignées symétriquement en forme rectangulaire, toute la notabilité de la région ouest et nord du Cameroun est réunie cérémonie pour célébrer un fait exceptionnel : le vernissage de l’ouvrage « La grammaire notionnelle du Basaa », œuvre du professeur Denis Zachée BITJAA KODY, éditée à Libreville par le Centre International des Civilisations Bantu.

Cette cérémonie, alternant avec un culte œcuménique d’actions de grâces et de remerciements au chef de l’Etat camerounais, a été ponctuée par plusieurs interventions : celles des autorités traditionnelles, du Ministre des Arts et de la Culture et du Directeur Général du CICIBA.

Dans leur prise de parole, les chefs traditionnels ont souhaité à leur fils plein succès pour son œuvre après lui avoir accordé, au travers d’un rituel de consolidation de son ontologie, leurs bénédictions.

Succédant aux sages du village, Son Excellence le Pr Narcisse Mouelle Kombi, Ministre des Arts et de la Culture, s’adressant au didacticien Bitja, a noté : « La promotion à un poste important dans la fonction publique internationale a toujours un côté prodigieux et merveilleux. Prodigieux pour le bénéficiaire de la promotion qui connaît ainsi une ascension remarquable dans les hautes sphères dirigeantes d’une Organisation Internationale. Merveilleux pour le pays dont il est le national ou pour le gouvernement qu’il représente. Les Etats tirent toujours une légitime fierté à voir leurs ressortissants gravir les marches stratégiques de la direction de ces institutions. Dans ce sens, le Cameroun a été récemment honoré à Libreville par les plus hautes instances du Centre International des Civilisations Bantu (CICIBA).  Aujourd’hui à Songmbengué, dans l’arrondissement de Massock Songloulou, nous célébrons la promotion du Pr. Zachée Denis Bitjaa Kody à un important et prestigieux poste dans la fonction publique internationale africaine : Directeur du CICIBA, ce dont nous le félicitons, au nom du gouvernement camerounais et singulièrement du Ministère des arts et de la Culture, responsable du suivi des activités de cet Organisme International. Hommage soit rendu au Président de la République, Son Excellence Paul Biya, sans lequel ni le prodige, ni la merveille ne se seraient accomplis. Aujourd’hui, la Sanaga Maritime – je parle sous le contrôle du Ministre Jean Ernest Ngallé Bibéhé, digne fils du département – est dans la joie. En effet, la présente cérémonie de remerciements au Chef de l’Etat appelle un immense témoignage de gratitude à l’égard de Son action inlassable pour le renforcement de la présence du Cameroun dans les Organisations Internationales, pour Son occupation rationnelle du terrain diplomatique et pour le rayonnement international de notre pays. »

Se référant à l’engagement des plus hautes autorités du Cameroun dans la promotion des Cultures bantu tant au plan national qu’international, le Ministre des Arts et de la Culture du Cameroun a ensuite précisé :  Le Président Biya qui, dans son célèbre ouvrage Pour le libéralisme communautaire, consacre des pages lumineuses à une dissertation sur l’importance de la culture dans les jeunes nations africaines, à l’instar du Cameroun. Lui qui évoque l’ensemble de « ces données originales, positives et constantes qui ont fondé l’existence communautaire de nos groupes ethniques et garanti leur survie au fil de l’histoire ». Lui qui insiste sur la nécessité de faire recenser, promouvoir pour l’intérêt de la collectivité ces données fondamentales que sont les universaux culturels. Vous serez l’une des chevilles ouvrières de cette œuvre exaltante. Vous en avez les compétences, puisque votre brillant cursus universitaire vous y a préparé : Docteur d’Etat en Sociologie du Langage, vous vous êtes accompli dans le magistère, en tant que Professeur titulaire des universités.  Vous en avez aussi l’expérience, avec une carrière de plus de trente ans dans la recherche scientifique et l’enseignement supérieur. Vous avez été notamment chef de la Cellule des Etudes et des Programmes au Ministère de l’Industrie, des Mines et du Développement Technologique et chef du département de langues et cultures camerounaises à l’Ecole Normale Supérieure de l’Université de Yaoundé I. Votre expertise dans le champ de la linguistique est souvent recherchée et fort appréciée, tant en tant que Directeur de travaux scientifiques, contributeur à des colloques en en Afrique, en Amérique ou Europe. Et aussi comme auteur de nombreuses publications scientifiques. La dernière étant une magnifique et inédite monographie sur la grammaire du Bassa. Longue vie aux civilisations Bantus.

Prenant à son tour la parole à la suite de l’autorité camerounaise, le Pr Antoine Manda Tchebwa, qui en est le préfacier et se réjouissant en même temps de la nomination au poste de Directeur de la recherche du Pr Zachée Denis Bitjaa Kody, a eu ces mots : « L’œuvre que nous célébrons ce jour s’inscrit dans la lignée des travaux pionniers relevant du domaine fondateur de la grammaire africaine. Cela, à la suite des chercheurs, soit dit en passant tous, Européens des siècles derniers, comme le missionnaire William Boyce, que l’historiographie de la linguistique africaine considère comme celui qui, en 1837, posa les premiers jalons d’une grammaire africaine en langue xosa. Dans le même registre le théologien William Bleek, l’inventeur du mot « bantu », en 1862, élabora à son tour la fameuse Grammaire bantu comparée connue de tous les experts du domaine ».

Avant d’énumérer quelques auteurs de nombreux travaux de classification de langue bantu réalisés par des générations des linguistes africanistes comme l’Abbé Proyart (1776), W. Bleek lui-même, Greenberg, Meinof, Guthrie, Johnson, etc.

Fondée sur la linguistique comparée et historique, à partir d’un corpus de plus de 400 langues, la grande majorité de ces travaux a le mérite d’avoir ouvert la voie à une approche taxonomique des langues bantu. Ce qui, conventionnellement, fait qu’une langue comme le basaa se retrouve, au sein de la catégorie linguistique benue-congo sous le code A43a.

Non sans avoir loué la profondeur et la pertinence de son contenu et le doigté de l’auteur, l’orateur ajoute : « J’ai ici, entre mes mains, un travail de pur didacticien cumulant avec maestria toutes les normes en la matière. Qui plus est, ce manuel pédagogique offre la possibilité de se former à la langue basaa à partir des exercices formulés avec une extrême agilité et compétence. La lecture de cet ouvrage de 254 pages, simple et aérée, incite non seulement à aller à la découverte d’une langue si belle et si harmonieuse aux oreilles, mais aussi à la célébrer avec un réel bonheur une bantuité d’estime et de partage ».

Avec une œuvre d’une telle envergure, voici arrivé maintenant, le temps de la réappropriation des règles épistémologiques conventionnelles par nos propres savants de manière à les orienter vers une approche syntaxique, morphologique et phonétique plus instruite, en vue de permettre à l’espace bantu de reconstruire une norme grammaticale adaptée intrinsèquement à l’ensemble de nos langues natives, telles qu’elles sont parlées et étudiées par nos propres chercheurs.

« J’ai donc le privilège de vous inviter à saluer la naissance d’une épistémologie audacieuse, bien bantu, appliquée avec une admirable érudition sur une des langues de la famille dite benué-congo dont la langue basaa porte le meilleur emblème », a-t-il relevé avant de  saluer le retour du Cameroun au sein des organes dirigeants du CICIBA.

« C’est donc un truisme qui, sans conteste, est porteur d’un souffle nouveau sur le CICIBA », insiste le Pr Manda Tchebwa avant de souligner que « ce souffle est conforté aujourd’hui par la performance d’un grand homme des sciences camerounais, tout à fait à la hauteur de sa charge, dont l’expérience académique se reflète à travers sa première production scientifique au CICIBA qui est une première dans les annales de notre institution ».

Et de bon droit, le Pr Manda de s’épancher : « Plus personne ne partagerait le point de vue, orgueilleux, condescendant et infériorisant, qui consistait, il y a peu encore, à faire du domaine de la linguistique bantu, un lieu indigne d’une exploration épistémologique capable de générer une norme grammaticale digne de considération et opposable à tous. Le Cameroun vient de prouver aujourd’hui à travers son élite de la pensée que cela était possible en comblant cette lacune. Et c’est fait aujourd’hui ».

Un autre vernissage est prévu prochainement à Libreville.

En vue de consolider cet acquis, tout en félicitant son auteur pour cette œuvre de haute facture, le CICIBA se sent fondé de proposer au Cameroun, pays bien aimé de ce savant en linguistique basaa, d’explorer toutes les voies susceptibles de permettre d’intégrer ce travail audacieux et innovant dans le système éducatif national, et demain à l’échelle de tout l’espace linguistique bantu, en adaptant son contenu à l’exigence pédagogique de chaque échelon de l’enseignement : de l’enseignement fondamental jusqu’au degré supérieur, en passant par l’échelon secondaire.

 

 

 

 

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