Semaine internationale des personnes d’ascendance africaine

DES AFRO-DESCENDANTS REÇUS PAR LE PRÉSIDENT ALI BONGO ONDIMBA

« Nous avons en commun le viol de notre passé. Reprenons l’histoire là où elle s’était arrêtée et remplissons les chapitres laissés vides par les autres, pour réécrire nous-mêmes notre propre histoire, sans amertume, sans rancune, les yeux rivés vers le futur», leur a dit le Chef de l’Etat Gabonais, lors d’une audience émouvante qui leur a été accordée, ce vendredi 19 mai 2015, au Palais de la Rénovation de Libreville. Tout un symbole, doublé d’une marque de sincère fraternité retrouvée.

 

Ils étaient une trentaine, Afro-descendants et experts africains venus de tous les horizons pour célébrer les retrouvailles en terre gabonaise, leur terre première. Conduite auprès du Président Ali Bongo Ondimba par le Ministre d’Etat, Ministre de l’Economie numérique, de la Communication, de la Culture et des Arts, Alain Claude Bilie-By-Nze, les participants aux travaux de la 1ère édition de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, qui venaient de terminer la partie scientifique de leur rencontre, ont franchi les portillons du Palais de la Rénovations aux coups de seize heures.

Autour, la brise venant de la mer proche, livrait déjà ses derniers souffles de fraîcheur. Le ciel, ensoleillé, abordait à peine sa dernière phase d’inclinaison. Le Palais de la Rénovation, beau, splendide et majestueux, avait pour lui seul une addition de charmes, avec en plus quelques fragrances de la cannelle.

Accueillis dans la pure tradition de l’hospitalité légendaire gabonaise, les invités du Palais ont le privilège de prendre place dans une vaste et magnifique salle. A l’annonce de l’entrée du Chef de l’Etat, ce qui était un rêve pour chacun d’eux, se réalisa tout d’un coup, dans un silence quasi religieux. Leur hôte de marque était pourtant-là, devant eux, partageant leur émotion.

C’est un Ali Bongo Ondimba serein et heureux qui venait de leur ouvrir les portes de Présidence gabonaise. Qui l’eut cru ? Venus de si loin, jusqu’à 48 heures de vols pour certains d’entre eux, et bénéficier d’un tel privilège, c’est à peine croyable ! Bascules vertigineuses. En l’espèce, l’émotion se répand alluviale.

Réunis enfin autour du Président hôte, la première prise de parole revient au Ministre en charge de la culture et des Arts. Remerciant le Président de  la république de haute sa sollicitude pour avoir daigné recevoir les invités du Gabon, venus à Libreville, à l’initiative conjointe du Ministère de la Culture et des Arts et du CICIBA, coorganisateurs de la Semaine internationale de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, en partenariat avec le PNUD, le Ministre d’Etat commence par rappeler le sous-bassement de la rencontre afro-descendante de Libreville. Qui s’inscrit, précise-t-il, dans  le cadre de la résolution des Nations Unies, adoptée au cours de son Assemblée générale du 18 novembre 2014 (point 69/15), qui fait de cette Décennie un programme d’engagement destiné à faire avancer les droits niés des Afro-descendants de par le monde.

Ce programme qui s’étend de 2013 à 2024, invite en plus les Etats, les organismes régionaux et internationaux, à l’aune de leurs compétences respectives, à initier et élaborer des activités concrètes visant à honorer et conserver la mémoire historique des Afro-descendants.

Il s’ensuit la présentation des invités. La délégation afro-descendante par Madame Marie-Evelyne PETRUS-BARRY, Représentante du Système des Nations Unies au Gabon et du PNUD au Gabon, et celle des Experts africains, par le Professeur Antoine Manda Tchebwa, Directeur Général du CICIBA et Coordonnateur général du volet scientifique de la Semaine.

Au nom des Afro-descendant le Professeur Sheila Walker venu des Etats-Unis, a fait part de sa vive émotion en foulant le sol Gabonais, occurrence cathartique et belle secousse psychologique qui lui donnent la certitude d’avoir, enfin retrouvé ses racines perdues voilà cinq siècles. « Merci, Monsieur le Président de nous avoir reçus si fraternellement. Nous nous sentons bien chez nous. Un tel geste ne s’oublie pas. », a-t-elle déclaré.

Quant au professeur Elikia M’Bokolo, éminent historien des Universités africaines et Président du Comité scientifique de l’Histoire Générale de l’Afrique de l’UNESCO, il a exprimé toute sa joie de retrouver Libreville, 20 ans. Fasciné par les extraordinaire transformations qu’il vient de constater dans l’aménagement de la ville de Libreville, il a félicité le Président Bongo pour tant de détermination à faire de la capitale Gabonaise un hub en Afrique centrale. « La tenue de la Semaine internationale des personnes d’ascendance africaine, a été un moment de partage important sur nos rapports avec le monde des Afro-descendants, nos projets pour un nouveau futur, assortis d’une réflexion stratégique. Cette rencontre marque à la même occasion le retour du CICIBA sur la scène internationale, retour que nous avions appelé de tous nos vœux, et cela grâce à votre impulsion, Monsieur le Président. Finalement, nous constatons que le CICIBA n’était pas mort, il était tout simplement endormi. Et vous avez contribué à le réveiller. Maintenant que nous sommes engagés sur sa relance, il n’est plus question que le CICIBA se rendorme une seconde fois »

Le Professeur Manda Tchebwa a pour sa part saisi l’occasion pour remercier le Président Ali Bongo Ondimba pour avoir doté son Institution d’un nouveau siège. Un édifice digne du CICIBA car se situant à la hauteur de ses ambitions et de la vision de nos pères fondateurs. Maintenant nous pouvons recevoir nos invités, comme c’est le cas aujourd’hui, dans la plus grande dignité, et produire une réflexion de grande qualité. »

 

Prenant la parole, le Président Ali Bongo Ondimba, dans un discours riche d’enseignements porté par une noèse remarquable, a indiqué : « C’est avec honneur que je vous accueille ici au Gabon. Chez vous. Si j’ai accepté l’initiative qui m’a été proposée de vous réunir ici à Libreville, dans le cadre de cette Décennie, c’est surtout parce que j’ai toujours senti que quelque chose nous avait été volée. J’ai ce sentiment d’un vol qui lancine en moi. Il était important que ce sentiment soit atténué. Au-delà de tout cela, nous avons des morceaux d’une histoire à recoller. Car le pire des choses, c’est l’effacement de notre histoire. Les autres ont voulu écrire pour nous notre propre histoire. Nous n’allons pas et nous ne pouvons pas les laisser faire. Il y a eu un problème : on a voulu nous inculquer un complexe d’infériorité. On a voulu nous présenter comme un continent en retard.  Un continent sans futur. Nous ne sommes pas des êtres sans passé ni futur. Nous avons un futur. Nous serions attardés si nous n’arrivions pas à expliquer par nous-mêmes les causes de ce retard. Nous ne sommes pas un chapitre vide. Nous pouvons corriger l’histoire, notre histoire. Allons-nous continuer à pleurnicher ? Mon propos est de dire qu’il est important de nous servir de ces retrouvailles pour ensemble réécrire l’histoire de ce monde. Ce qui est une manière de dire autres que nous existons par nous-mêmes et que nous avons un futur qui reste évidemment à écrire. Le pire des choses, c’est effacer l’histoire. Mon souhait est que chacun de nous, dans son domaine, remplisse les pages et les chapitres qui sont restés vides. Cela a été fait à dessein. Réécrivons notre histoire sans faiblesse, sans honte, sans sentiment d’amertume ni vengeance. Nous aurons honte à ne pas le faire. Maintenant que nous nous sommes réappropriés notre destin, perpétuer le silence serait un grand crime. Il n’y pas une Afrique. Il y a des Afrique qui ont inspiré d’autres continents. Puisse cette rencontre être une flamme qui ne s’éteindra plus. Je vous remercie pour ce déplacement du futur. Ce futur-là doit nous appartenir. »

Ce discours d’une si haute portée philosophique a résonné dans les oreilles de chacun des invités à la fois comme un acte de foi, une interpellation et un manifeste pour un futur meilleur entre l’Afrique, le monde et les Afro-descendants.

 

Mais la grande surprise est à venir. A cette occasion, le Chef de l’Etat a annoncé qu’il faciliterait l’accès à la nationalité aux Afro-descendants. Ainsi, dans la perspective de la révision prochaine du Code de la nationalité, le Président de la République a pris l’engagement de faire introduire dans le nouveau Code une disposition spécifique permettant de faciliter l’accès à la nationalité gabonaise des Afro-descendants qui en exprimeront le souhait, précédant ainsi l’une des résolutions majeures de la Déclaration de Libreville.

 

Le Gabon devient ainsi le premier pays africain à reconnaître une sorte de « droit au retour » en faveur des descendants des déportés africains dans les Amériques et les Caraïbes. Voici un des acquis concrets de la Semaine de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine. C’est tout à l’honneur du Gabon.

 

Immédiatement après cette audience, les hôtes du Président Ali Bongo ONDIMBA ont traversé le Boulevard du bord de mer pour prendre part à la cérémonie de clôture de la semaine de la Décennie, prévue  s’est aux pieds du monument symbolisant le  « patrimoine et lieu de mémoire des esclaves libérés »

C’est là, dans un rituel fascinant et émouvant, qu’a été lue la Déclaration de Libreville.  Un texte chargé d’espérances et d’émotions, où, par la voix de Madame Marie-Evelyne Petrus-Barry, les Afro-descendants ont exprimé leurs aspirations, dont le droit à la réparation des préjudices subis, avec l’espoir cette fois de toucher enfin le cœur de la communauté internationale sur les difficultés ainsi que tous les dénis qu’ils endurent au quotidien. La devise forgée à cette occasion au terme de cette rencontre de Libreville résume mieux cette aspiration, du reste légitime :

« Travaillons ensemble pour construire le Pont de l’Humanité »

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