Anne-Marie Nze, la « Grand-mère » nous a quittés
L’espace musical bantu encore endeuillé. Après la disparition, à 66 ans, de celui qui a été élevé au rang d’icône mondiale, le Congolais (RDC) Papa Wemba, la Camerounaise Anne Marie Nzié nous a quittés en ce mois de mai dans son Cameroun natal, à l’âge de 75 ans.
Tout le monde l’appelait affectueusement ‘’Maman’’. Sa vie ressemblait à un roman à éclipses. De sa naissance à Bibia, à sa longue et exaltante carrière de chanteuse, on peut en extraire quelques anecdotes : le père évangéliste, auprès duquel elle a pu s’initier au chant choral ; la méchante maladie qui, accaparant sa prime jeunesse, l’immobilise pendant douze ans ; le frère Moïse qui lui apprend les rudiments de la guitare hawaïenne, dont le plus grand maître sur le continent est le Dr Nico du Congo ;se débuts professionnels, en 1954 ; un accueil public qui, très vite, lui vaut une exceptionnelle notoriété au pays, mais aussi en Afrique de l’Ouest ; des apparitions marquantes à Alger (4969) et à Lagos (1977), au côté notamment de Myriam Makeba, qu’elle continue à appeler « ma sœur » ; puis cette fabuleuse rencontre au MASA 1999 avec le doyen de la rumba congolaise Wendo Kolosoy avec lequel elle enregistre un CD, produit par Manda Tchebwa (alors Directeur artistique du MASA d’Abidjan), sous le label « Indigo » de Christian Mousset, le découvreur des vedettes et promoteur du célèbre festival « Musiques Métisses » d’Angoulême. C’est le bouquet !
Depuis, la cantatrice a tenté quelques apparitions publiques. Mais c’était sans compter avec l’âge, toujours à l’affût, complotant avec quelques soucis de santé.
Pour nous Bantu, Anne Marie Nzié restera ‘’la voix d’or du Cameroun’’ de la dimension de la Cap-Verdienne Cesaria Evora, son alter ego. Partageant avec son compatriote Manu Dibango, la Sud-Africaine Myriam Makeba, le Congolais Wendo Kolosoy, les estimes d’une scène musicale qui ne cessera de penser à elle comme l’on pense à une ancêtre trop tôt partie pour un voyage sans retour.
Le CICIBA se joint à son pays ainsi qu’à sa famille biologique pour leur adresser ses condoléances les plus émues, tout en saluant la mémoire d’une vraie héroïne de la culture bantu dont la contribution au rayonnement des valeurs de notre humanité commune aura été des plus admirables.