Présent au SILANG d’Abidjan

LE CICIBA POUR UNE REDYNAMISATION TOUS AZIMUTS DES LANGUES AFRICAINES

Dans le cadre de la mise en œuvre de la vision stratégique de rayonnement du CICIBA à l’international, le Pr Antoine MANDA TCHEBWA, Directeur Général du centre a instruit messieurs BTJAA KODY Zachée Denis, Directeur de la Recherche  et  OBAME Christian Gaillard, Conseiller du Directeur Général, Chargé de la Coopération Internationale à effectuer une mission du 03 au 07 octobre 2022 à Abidjan en Côte d’Ivoire, pour participer à la Cinquième Édition du Salon International des Langues et Cultures Africaines (SILANG V).

En présence de personnalités nationales et internationales impliquées dans la lutte pour la promotion et la préservation des langues africaines, le SILANG V a offert un cadre de réflexion autour du thème « Les Langues africaines, contribution à la cohésion sociale et à la culture de la paix ». Panels, tables rondes, expositions, slam en langues africaines, acoustique d’instruments africains, danse, théâtre et projection de films ont été autant de canaux de communication pour débattre de l’apport des langues africaines à la cohésion sociale et à la culture de la paix.

À 10 heures 36 minutes, ce mardi 4 octobre 2022, le message de bienvenue du Commissaire général, M. Armel Akonda Bokpê, a donné le ton. La présentation des officiels ainsi faite, l’entrée de la chefferie traditionnelle au son du tambour parleur a été un moment de communion avec l’assistance. Les Bron étant le peuple invité à cette cinquième Édition du SILANG, les chefs présents ce jour sont originaires du pays Bron, dans l’Est de la Côte d’Ivoire.    

Après l’installation des Chefs Bron, l’hymne national de Côte d’Ivoire a été exécuté en langue Tagbana par des élèves du Groupe Scolaire Nahaclan. Une minute de silence a été observée en la mémoire de dame Yolanda López, éditrice d’ouvrages en langues africaines par sa maison d’édition Assata. L’animation culturelle, avant la série des allocutions, a été assurée par le Groupe Bocamin, la Compagnie culturelle Animignam et la Compagnie Krimbo.

Il est d’abord revenu au Prof. ABIA Aboa Alain Laurent, Vice-doyen de l’UFR LLC représentant le président de l’Université Félix Houphouët-Boigny, de souhaiter la bienvenue à tous. Il a souligné la nécessité de vivre et de faire vivre nos langues maternelles et remercié les organisateurs d’avoir choisi l’Université Félix Houphouët-Boigny pour abriter les assises du SILANG V.

À sa suite, le porte-parole du peuple Bron, Nanan Bini Kouakou, a entretenu l’assemblée sur l’histoire de son peuple, ainsi que son organisation politique et militaire et ses spécificités culturelles ; son attachement profond à la paix et le pari réussi de faire cohabiter pacifiquement, au sein du Royaume Bron, une dizaine de communautés linguistiques différentes. 

Se sont ensuite succédé au pupitre, pour boucler la série des allocutions, le Dr Lang Fafa DAMPHA, Secrétaire Exécutif de l’Académie Africaine des Langues, M. Louis Gervais ANOMAN pour le Bureau de l’Unesco en Côte d’Ivoire et M. Broulaye TRAORÉ pour le Ministère de la Culture et de la Francophonie. Tous ont partagé la vision de leurs structures et les politiques sectorielles en faveur de la promotion, la préservation et la pratique des langues africaines en tant que vecteurs d’intégration.

Une cérémonie de remise de diplôme a servi de transition entre les allocutions et le Panel inaugural. S’inscrivant dans la mobilisation nationale autour de la célébration des 50 ans de carrière de l’icône de la musique ivoirienne Bailly Spinto, le SILANG V l’a fait Ambassadeur des langues africaines, lui qui a toujours composé et chanté dans sa langue maternelle, le bété. 

Le Panel inaugural, présidé par le Dr BÉRÉ Anatole, a soumis à l’analyse le thème principal du SILANG V, à savoir, « Les Langues africaines, contribution à la cohésion sociale et à la culture de la paix ». Y ont participé : Nanan FODJO ABABIO, Chef du village d’Adoukrom, le Dr Lang Fafa DAMPHA, Secrétaire Exécutif de l’Académie Africaine des Langues (ACALAN-UA) ; le Prof. BOGNY Yapo Joseph, Directeur du Département des Sciences du langage ; M. AKE Djoro Abraham, Vice-président d’Universal Peace Federation (UPF) Côte d’Ivoire ; et M. Naban COULIBALY, président du Réseau des Volontaires pour la Réinsertion (RVR).

Il est ressorti des différentes prises de parole que la langue est le véhicule de l’identité. On ne peut se développer avec la langue d’autrui car, comme l’a fait remarquer le Prof. Joseph KIZERBO, « on ne développe pas, on se développe ». Les langues africaines sont des instruments efficaces pour éduquer à la culture de la paix car elles créent une plus forte conscience d’appartenance aux mêmes peuples, de communion aux mêmes valeurs. Il faut faire en sorte que chaque citoyen puisse parler d’autres langues locales en dehors de la sienne propre afin de renforcer le sentiment d’interdépendance créative.  

Après la pause-déjeuner, Madame Mikan Marie Madeleine COULIBALY, promotrice de la langue Tagbana, a partagé avec l’assistance un dessin animé à usage pédagogique, une expérience pouvant inspirer d’autres acteurs du milieu. 

Le dernier acte de la première journée du SILANG V a été la Table ronde consacrée au thème « Jeunesse et Entreprenariat en Côte d’ivoire », en rapport direct avec les activités du Réseau des Volontaires pour la Réinsertion (RVR). Modérée par le président du RVR en personne, en l’occurrence M. Naban COULIBALY, cette Table ronde a été animée par MM. Abdouramane MÉITÉ et Yacouba OUATTARA, Vice-présidents de la structure. Ils ont mis l’accent sur la persévérance comme vertu cardinale de l’entreprenariat et l’importance de l’apparence physique en termes d’hygiène corporelle et de tenue vestimentaire. La première chose que l’on vend est sa propre image. 

Le mercredi 5 octobre 2022, la Journée 2 du SILANG V s’est ouverte par une Table ronde autour du thème « Langues et cultures nationales, moyens de réappropriation de son identité ». Présidée par le Dr YAO Nguetta, écrivain, y ont pris part : le Prof. KOUAMÉ Koia Jean Martial, Directeur de l’Institut de Linguistique Appliquée ; le Dr KAKOU Foba Antoine, EnseignantChercheur ; les Dr YAPI Kouassi Michel et DJANDUÉ Bi Drombé, Enseignants-Chercheurs.

Les trois intervenants ont tenté de démontrer que la langue et la culture, deux faces d’une même pièce, représentent le socle de l’identité. Le combat actuel des Bétibé (Éhotilé) pour se réapproprier la langue et les valeurs culturelles autochtones après leur annexion par les Agni, a été une belle illustration du thème de la Table ronde. Des exemples d’ordre lexical et onomastique ont donné la preuve de la puissance sémantique des langues africaines. 

Le programme s’est poursuivi avec un Café littéraire suivi de dédicace autour de l’œuvre Et les bêtes sauvages votèrent ; les morts aussi de l’écrivaine Léontine Sirah SÉHOUÉ. Le thème de « La Dialectique du nom Kamit » dans cette œuvre a été débattu par le Dr YAO Assi, EnseignantChercheur au Département de Philosophie de l’UFHB, et Mme Laurentine AGUIÉ-KOFFI, juriste spécialisée en Droits humains. A également pris part aux débats le Prof. Vally SIDIBÉ, l’auteur de la préface. Ce café littéraire a été modéré par M. Georges Wenceslas ABOKE, Journaliste, présentateur, producteur audiovisuel, consultant media. 

L’auteure elle-même a présenté son roman comme une œuvre de rupture par rapport à ses écrits antérieurs. Le Prof. Vally SIDIBÉ en a évoqué les connotations politiques dans le contexte ivoirien en commentant brièvement l’image d’illustration en première de couverture. Abordant plus frontalement la problématique du nom kamit ou africain dans l’œuvre, le Dr YAO Assi a souligné l’impérieuse nécessité d’habiter nos noms afin d’être en harmonie avec nous-mêmes. Et de se demander, en rapport avec notre toponymie, pourquoi nous conservons encore les noms de nos villes et villages déformés par le colon alors que celui-ci est parti depuis. Quant à Mme Laurentine AGUIÉ-KOFFI, elle a partagé son expérience familiale de la pratique des prénoms africains et relevé au passage la richesse thématique de l’œuvre, notamment au regard des droits de l’homme. L’assistance a encore eu droit à une projection de dessin animé en langue Tagbana avant la dernière conférence. 

Pour clôturer les interventions, il est revenu au Professeur BITJAA KODY Zachée Denis, Directeur de la Recherche du Centre International des  Civilisations Bantu (CICIBA) dont le siège est à Libreville au Gabon, d’entretenir les participants sur le thème : « Langues nationales et enjeux sécuritaires en Afrique ». La conférence a été modérée par le Dr MONEY Lolo Happy, Enseignante-Chercheure à l’École Normale Supérieure d’Abidjan. Pour le Prof. BITJAA KODY, les langues nationales assurent une fonction sécuritaire indéniable, notamment dans les conflits armés asymétriques, ce qu’il a soutenu par le recours des comités de vigilance aux schibboleths dans les confrontations avec Boko Haram au Cameroun. Les schibboleths, stratagèmes linguistiques pour isoler l’ennemi lors d’un conflit afin de le neutraliser, fonctionnent mieux en contexte multilingue, d’où l’éloge de la diversité linguistique du Cameroun.  

La cinquième Édition du Salon International des Langues et Cultures Africaines a pris fin par une prestation de la Compagnie Krimbo et les mots de remerciements du Commissaire général aux partenaires, aux invités et aux participants. 

EXPOSITION DES LIVRES DU CICIBA

La cinquième Édition du Salon International des Langues et Cultures Africaines a aussi offert la possibilité à plusieurs organisations internationales à l’instar de l’ACALAN, de l’UNESCO, de l’École Normale Supérieure de l’Université Félix Houphouët Boigny et bien évidement le CICIBA d’exposer leurs livres et autres travaux de Recherches.  

Le stand du CICIBA a connu un franc succès au vu de la présence forte des étudiants, des enseignants d’universités, chercheurs et les différents participants qui ont visité notre stand. Tous ont été impressionnés par la qualité des livres présentés par le Centre International des Civilisations Bantu dans cette optique, beaucoup parmi eux ont voulu acheter nos livres au cours de cette exposition.

COOPÉRATION AVEC « LE SIXIÈME CONTINENT » 

La participation de la délégation du CICIBA à la Cinquième édition du Salon International des Langues et Cultures Africaines a permis des rencontres importantes avec les acteurs culturels de la Diaspora à l’instar de la Cap Verdienne Maria Isabel Alves, Ambassadrice Mondiale de la Paix et de la Culture, Peintre Poétesse activiste Culturelle et porteuse d’un projet de Village Créatif en milieu Rural et milieu Urbain. Ce Projet dénommé LE SIXIEME a pour objet de former les jeunes enfants de la Diaspora dans leur encadrement social et leur ouverture communautaire pour découvrir que ces jeunes gens ont réellement faim de leurs ancestralités pour concrétiser leurs rêves. C’est à cette fin utile que le rôle du CICIBA pourrait s’avérer important dans sa quête de réaffirmation non seulement de notre identité mais aussi de nos civilisations Bantu. Dans le même ordre d’idées, la délégation du CICIBA a également pris attache avec le Pr BASILELE, responsable d’un Centre de recherches à l’Université DES SCIENCES ET SPIRITUALITES AFRICAINES au Brésil qui se propose de collaborer avec le CICIBA pour mieux divulguer nos objectifs. 

RENCONTRE AVEC LA REINE WERE WERE LIKING

Le séjour à Abidjan des missionnaires du Centre s’est poursuivi par la visite du Centre culturel et communautaire de l’écrivaine, poète, chorégraphe et peintre Were Were LIKING. Elle est la fondatrice du groupe KI YI M’BOCK qui est devenu un nouveau visage de la culture africaine. Au cours de cette visite nous avons remarqué la présence de plusieurs apprenants issus de plusieurs nationalités qui profitent de leur passage dans ce village culturel merveilleux pour forger leurs âmes d’artistes. 

Au cours de notre visite la Reine des lieux a tenu à rendre un vibrant hommage au Pr Antoine MANDA TCHEBWA, Directeur Général du CICIBA, pour la pertinence de ses idées sur la musique en général et la Rumba congolaise en particulier. Elle a dit être prête à travailler avec le Centre sur des projets culturels importants. Les missionnaires du CICIBA ont tenu en retour à remercier Madame WERE WERE LIKING pour l’accueil si fraternel et chaleureux qu’elle a réservé à la délégation du CICIBA.

Coopération avec l’ACALAN

Le SILANG 5 a aussi été l’occasion du renforcement des liens entre le Centre

International des Civilisations Bantu (CICIBA) et l’Académie Africaine des Langues (ACALAN). Au terme des échanges entre le Directeur de la Recherche du CICIBA et le Secrétaire Exécutif de l’ACALAN sur le rôle des langues africaines dans la construction de la Paix en Afrique, le Dr Lang Fafa DAMPHA, Secrétaire Exécutif de l’Académie Africaine des Langues (ACALAN-UA) a offert un lot de gadgets (Polos, Tee-shirts) de la Célébration de la Semaine des Langues Africaines 2022 à la Délégation du CICIBA, ainsi que les derniers numéros de KUWALA, le Journal scientifique de l’ACALAN.

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