Ambassade du Mali

LE CICIBA REND HOMMAGE A ATT

La date du 10 novembre 2020 aura été, pour le Mali, un jour noir, suite au décès, à Istanbul (Turquie), de son Président de la République honoraire, Amadou Toumani Touré, l’enfant de Mopti. Né le 4 novembre 1948, ATT cumule à son actif une brillante carrière militaire, doublée d’une carrière politique assez atypique. En embrassant la vie politique, sa vision était, disait-il, de « sauver la patrie ». Ce qui, au-delà de quelques moments creux qu’il a eu à traverser, lui a valu d’être surnommé « soldat de la démocratie », (de 1991 à 2012).

On n’oublie parfois de l’homme public une dimension essentielle : l’âme tutélaire qu’il arrive d’incarner, aux yeux des siens, après le trépas.

La disparition, ce 10 novembre 2020, de celui que tout un peuple a surnommé affectueusement ATT, n’a pas, non plus, laissé indifférent le CICIBA. En guise de solidarité à un Mali profondément éploré, le CICIBA s’est mis en devoir d’associer sa voix à celles, nombreuses de par l’Afrique, qui ont exprimé leur douleur à la suite du décès inopiné de ce vaillant homme d’état, doublé d’un officier de grande valeur. Cela au nom d’un principe cher aux Bantu, qui s’énonce comme suit à travers une litote courante : « Ezui moninga, ezui yo », en lingala (une langue bantu). Autrement dit, « Nul ne saurait être insensible à la détresse du prochain ».

Et cette détresse, c’est celle qui, inexorablement, vient de frapper non seulement à la porte du Mali, mais aussi à celle de l’Afrique bantu, deux Afriques qui ont toujours eu à cœur de mieux se connaître au cœur d’une identité commune. Le drame de la mort ici c’est d’avoir arraché de l’affection des siens un homme qui aurait souhaité prendre, s’il en avait la possibilité, le temps de vivre assez longtemps encore, comme d’autres prennent le temps d’espérer aller jusqu’au-delà de la ligne d’horizon d’une vie.

Toujours est-il que, au-delà de l’homme politique et du vaillant militaire qu’il fut, ATT demeure, pour bien des Africains, l’archétype d’un soldat incapable de déposer son arme tant que le clairon de fin n’aura pas sonné. Lui qui a livré un combat de toute une vie, vouée au service des valeurs démocratiques, le voilà qui s’en va, du moins nous l’espérons, avec le sentiment du devoir accompli.

Originaire d’un pays où les griots (dyali) ne pleurent pas les morts ― ils les célèbrent plutôt ! ― ATT peut compter lui aussi sur le capital de sympathie dont lui a toujours témoigné l’Afrique bantu, et à plus forte raison, en ce moment précis où il s’en va en assumant son héritage politique.

C’est le sens qu’il sied de donner à la présence, ce jour (17 novembre), à l’Ambassade du Mali à Libreville, d’une délégation du Centre international des Civilisations Bantu (CICIBA), conduite par le professeur Denis Bitjaa-Kody, Directeur de la recherche, au nom du Directeur Général.

En couchant quelques mots (chargés d’une profonde empathie) dans le livre des condoléances ouvert à cet effet, le professeur Denis Bitjaa-Kody a voulu, au nom de son institution, témoigner la solidarité des peuples bantu, tout à la fois, à l’endroit d’un membre du décanat diplomatique de Libreville et d’un représentant d’un pays frère, qui voit aujourd’hui un de ses fils partir vers le village des ancêtres.

Car mourir, c’est aussi… partir. Et partir, c’est toujours, et immanquablement, un instant pathétique de séparation, un moment de déchirement et d’angoisse pour les siens.

L’image, ici, est celle d’un quai de bateau, à l’heure des adieux. Avec, d’un côté, celui qui s’en va, tout esseulé, sur la route de son destin ; et, de l’autre, ceux qui restent, déployant les mains en éventail en direction du partant, le cœur endolori. Bien entendu, c’est de la grande foule des frères et sœurs restés à quai qu’il s’agit. Foule émue, inconsolable…  finalement orpheline d’un parent qu’elle ne reverra plus jamais.

Et pourtant la suite est à venir. Car il reste à chacun, quelque part, dans un coin de son tréfonds, un double devoir : celui de souhaiter un bon voyage et, surtout, ne jamais avoir à oublier celui qui nous quitte. C’est déjà assez de l’avoir perdu une fois.

En peu de mots, c’est ce message, consigné dans le registre de l’Ambassade du Mali, que porte ici la plume du professeur Denis Bitjaa-Kody, accompagné par Thinos Mwampongo, chargé des relations publiques du Centre :

« Au nom de l’Afrique bantu,

Le Centre International des Civilisations Bantu (CICIBA)

s’incline avec une profonde déférence devant la mémoire

de SEM Amadou Toumani Touré.

Sa disparition laisse un vide immense dans les cœurs de ceux qui,

aux côtés du mali,

ont toujours soutenu son sens éclairé de fraternité,

de patriotisme et de solidarité africain.

Le CICIBA associe sa voix au faisceau de compassion

qui accompagne l’évocation de la mémoire

de cette illustre figure du renouveau malien.

Daigne le Très-Haut lui accorder une paix éternelle. »

Libreville, le 17 novembre 2020.

2 thoughts on “Ambassade du Mali

  1. Amadou Ibgrahim

    C’est un grand sacrifice de la part de notre illustre disparu…le centre international de la civilisation Bantou est pour moi une découverte que je je souhaite expliter pour avoir la chance de raconter ma propre histoire de mes ancêtres à mes Enfant.
    Merci CICIBA.

    • ABDEL FATAH

      C’est un grand sacrifice de la part de notre illustre disparu…le centre international de la civilisation Bantou est une découverte qu’on souhaite exploiter pour avoir la chance de raconter oralement notre histoire.
      Merci CICIBA.

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