4e ECOBANTU DE SAO PAULO

LE CICIBA A L’HONNEUR AU BRESIL

Du 4 au 6 mai 2018, la ville de São Paulo, capitale économique du Brésil, a abrité la 4e EOBANTU (rencontre interculturelle organisée dans le cadre de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine). Plus de 1200 personnes venues des différents foyers culturel afro-bantu, de l’Amérique latine et d’Afrique, y ont pris part. Invité d’honneur, le CICIBA.

Pour l’organisation de sa quatrième édition, ILABANTU (Institut Latino-Américain des Etudes Afro-Bantu) du Brésil amis les petits plats dans les grands.

C’est au cœur de la ville de Sao Paulo, au Mémorial portant le nom de Simon Bolivar, la figure mythique et emblématique de la lutte pour l’émancipation des colonies espagnoles d’Amérique du Sud (1813), que se sont déroulées les différentes péripéties de cette rencontre afro-descendante.

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Incarnant le symbole de l’unité de la grande confédération culturelle de l’Amérique latine, l’auditorium Simon Bolivar a offert à la communauté bantu des Amériques l’occasion de célébrer leur unité autour des réflexions d’une excellente hauteur agrémentées de prestations artistiques variées.

Le décor lui-même en disait long : une animation foraine dehors sur un espace dédié à l’exposition des articles de l’artisanat créole, de la couture et de la gastronomie brésiliennes ; à l’intérieur une scène spacieuse, surmontée d’une grande affiche définissant le cadre de la manifestation assorties des insignes et logotypes des différents partenaires dont, suffisamment mis en exergue, le drapeau du Gabon, pays hôte de cette édition, et les graphes signalétiques du CICIBA assorties des drapeaux de ses 11 pays membres clairement visibles à plus de 100 mètres. On pouvait y noter également la présence des autres partenaires d’ILABANTU : l’Université Fédérale de São Paulo, la Fondation culturelle de Palmarès, etc.

En s’ouvrant cette année à un panel plus vaste des pays bantu (Gabon, Congo, Mozambique, Cameroun…), l’organisateur a voulu marquer une rupture avec le passé avec la présence à la tribune des chercheurs et hommes de culture africains, à qui il a été donné de partager les informations en rapport avec l’histoire de la lutte anti-esclavagiste opérée en terre africaine. « Une manière de nous réapproprier la réflexion de notre Grand Leader bantu ALI BONGO ONDIMBA lorsqu’il nous dit dans son message adressé aux Afro-descendants, je le cite : « Mon propos est de nous servir de ces retrouvailles pour ensemble réécrire l’histoire de ce monde… le pire des choses c’est effacer l’histoire ». Fin de citation.

Poursuivant son propos, il a par ailleurs indiqué que ECOBANTU demeure « un lieu de rencontre fraternelle qui bénéficie désormais de l’attention de nos parents d’Afrique dans la mesure où elle nous permet de célébrer notre africanité, tout en nous questionnant sur notre destin, aux côtés du Président Ali BONGO ONDIMBA, de qui, nous, Afro-descendants, avons capté parfaitement le la quintessence de son message de réconfort. Qui constitue pour nous désormais un lieu de profonde stimulation dans notre quête d’affirmation de notre descendance bantu. Venant du Gabon, cette parole consciente légitime notre essence et notre présence dans l’africanité bantu. »

La présence de tant de personnes venues d’horizons différents à une rencontre afro-descendante est aussi une façon de contredire les idées, fort répandues en milieu créole des Amériques, selon lesquelles ce sont les complicités des rois africains d’hier qui auraient livré leurs fils et filles aux négriers européens en se soumettant sans broncher aux désirs des négriers. L’exemple de la reine Njinga, de Matamba, contredit une telle perception des choses. Tel que l’a démontré l’écrivain et chercheur John Bella Bela, un des conférenciers venus d’Angola, les exploits héroïques de cette figure de la résistance africaine, et de surcroit bantu, face à la colonisation portugaise, en fournissent une parfaite illustration. Exemple parlant d’une héroïne qui a su faire face à la traite portugaise, déjà, à partir du sol africain.

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Tous les propos recueillis à lors de cette 4e ECOBANTU ont le mérite de mettre en lumière la volonté et la nécessité de travailler ensemble pour la préservation de l’histoire et des valeurs bantu dans l’absolue dignité qu’il sied de témoigner à l’endroit de tous (Afro-descendants compris).

Rappelant la pensée du président Ali BONGO ONDIMBA, contenue dans son message aux Afro-descendants du 19 mai 2017, dont l’écho au Brésil s’est répercuté sur toutes les consciences afro-bantu au retour des délégations américaines venues communier en « Terre première » leur bantuité, un des représentants de chefs traditionnels du Brésil, originaire de Salvador de Bahia, a cru utile de suggérer comme leitmotiv à ses pairs l’usage de la pensée du président Ali BONGO ONDIMBA qui dit : « Pra além de tudo isso, temos de uma história a recolar. Porque pior das coisas, é o apagamento da nossa história. Os outros quiseram escrevere, para nos, a nossa própria historia. Não vamos e não podemos deixá-los fazer » (« Nous avons des morceaux d’une histoire à recoller. Le pire des choses, c’est l’effacement de notre histoire. Les autres ont voulu écrire, pour nous, notre propre histoire. Nous n’allons pas et nous ne pouvons pas les laisser faire »).

Trois jours durant, c’est cette sagesse qui guidé les échanges au cours de cette 4e ECOBANTU de São Paulo. Rien d’une telle vision cathartique n’a pu laisser l’assistance insensible. De l’ampleur des applaudissements qui ont ponctué la lecture du texte du Président Ali BONGO ONDIMBA, il est aisé de déduire un truisme : l’Afrique bantu est en voie de retrouver son unité tant souhaitée à travers la Décennie des personnes d’ascendance africaine.

Intervenant dans le panel consacré à la coopération interinstitutionnelle afro-américaine, le professeur Antoine Manda Tchebwa, directeur Général du Centre International des Civilisations Bantu, s’est appesanti sur les derniers développements de l’actualité au CICIBA : consolidation de ses ambitions scientifiques et culturelles ; élargissement de son partenariat en direction des institutions de recherche et de formation académiques d’Afrique, d’Asie et des Amériques, tenue prochaine (août 2018) de la deuxième édition de la Semaine de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine de Libreville avec le Ministère de la Culture, Sports et Tourisme du Gabon.

Saisissant l’occasion, le Directeur Général du CICIBA a lancé une invitation aux Afro-descendants du Brésil et du reste des Amériques à venir à Libreville célébrer les retrouvailles en « Terre première », qui coïncident avec les 35 ans d’existence du Centre.

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Un colloque international est envisagé dans ce cadre sur le thème : « Les voies et voix de la liberté : Marronnage, luttes et résistance dans les Amériques esclavagistes ». Une manière de rendre hommage aux pionniers de la fondation des Amériques libres dans toutes les diversités d’approche face à la déshumanisation imposée et subie par les esclaves dans les différents foyers de maltraitance coloniaux. Il s’agit de célébrer la geste glorieuse de ces individus (hommes et femmes) exceptionnels « déployant des actions d’éclat, parallèlement à la geste collective de groupes sociaux en lutte pour leur survie (…) en attendant que se lève un jour le soleil de l’égalité, comme beaucoup l’attendent… » (Elikia Mbokolo, 2005). Aspiration, du reste légitime, qui figure au cœur du programme général de la Décennie.

La 4e ECOBANTU du Brésil a donné lieu à des spectacles de musique et de danse afro-brésiliennes d’une beauté rayonnante. L’assistance a eu droit à un programme éclectique comprenant, entre autres, des déclamations poétiques en rapport avec la fierté afro-bantu, la capoeira, l’umbigada (danse du nombril brésilienne inspirée de l’ancienne danse rituelle de la fécondité kongo), la samba brésilienne…

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La grande découverte pour la délégation du CICIBA aura été le fabuleux groupe AC BANTU (ballet de danse d’une trentaine d’acteurs avec support musical de tambours et instruments à vent), venu de Salvador de Bahia spécialement pour honorer le Gabon et le CICIBA. Ambiance de carnaval, profusion de couleurs, virtuosité corporelle, rythmes chaleureux et syncopés… Tout pour une fête digne de la célébration bantu grandeur nature pour dire à la fois la quête des racines et le bonheur des retrouvailles.

Le prochain rendez-vous ? Sûrement à Libreville, aux pieds de la stèle de la liberté.

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